La famille d'accueil - officiellement nommée accueillant familial - offre un milieu de vie attentif et sécurisant à l'enfant. Celui-ci expérimente des relations sociales enrichissantes caractérisées par le respect, la valorisation, la tendresse, l'empathie, mais aussi par les règles et les limites d'un cadre de vie familial. L'enfant s'inscrit dans une dynamique familiale, ce qui l'aide à s'apaiser et à vivre l'insouciance de l'enfance à l'abri des difficultés rencontrées par ses parents d'origine.
La famille d'accueil veille aux besoins quotidiens de l'enfant qui lui est confié, notamment en ce qui concerne son alimentaition, son hygiène, son cadre de vie, son suivi médical, sa socialisation, ... Elle est attentive à sa scolarité et à ses loisirs. Elle prend en charge les traitements spécifiques prescrits.
Avec l'autorité mandante et le Service d'Accompagnement en Accueil Familial, elle participe au projet global établi pour et avec lui ; elle respecte le cadre dans lequel s'organise le placement. Elle participe à la tenue du dossier administratif (allocations familiales, mutuelle, remboursement de frais, ...).
L’étude de candidature vise à mesurer l’adéquation de la famille à un projet d’accueil et s’établit sur environ six mois.
À travers plusieurs entretiens dans notre service et à domicile, nous questionnons, outre les motivations actuelles, l’histoire des personnes, du couple et les relations familiales. Il s’agit d’un réel processus de maturation et de mobilisation de la famille. Celle-ci va être amenée à prendre conscience des raisons de son désir d’accueillir un enfant (et pas uniquement de son désir d’enfant) et de la satisfaction qu’elle attend de cet accueil. Elle sera aussi invitée à préciser sa disponibilité et à montrer l’implication de chacun des membres de la famille dans cette demande.
Les étapes se déroulent comme suit : premier contact, séance d’information, candidature officielle, visite domiciliaire d’un travailleur social suivie de quelques entretiens avec le ou les parents potentiels et avec la famille complète, le cas échéant. Ces différentes étapes s’adaptent à chaque situation familiale.
À l’issue de la sélection et si la candidature est acceptée, nous présentons et expliquons à la famille les raisons de notre accord et mettons en lumière ce qui, chez eux, nous apparaît comme des fragilités que l’enfant accueilli va probablement interpeller. En fonction de ces différents éléments, nous déterminons avec la famille d’accueil le type d’enfant qui nous semble le plus adapté à leur milieu de vie et à leur fonctionnement familial.
Dans la concrétisation du placement en famille d’accueil, nous nous efforçons de respecter la structure de la famille.
L’histoire de Philippe
Avec ma vie de famille et mon travail, je me sentais comblé. Une sorte de bonheur tranquille jour après jour, heure après heure. Il n’y avait place pour rien d’autre si ce n’est les petits soucis du quotidien et cette curieuse impression de ne plus avoir assez de temps pour me laisser surprendre par la vie.
Un jour, j’ai reçu un prospectus sur l’Accueil familial. Après l’avoir parcouru des yeux, je l’ai glissé dans ma poche. J’étais déjà presque en retard pour aller chercher mon fils à l’école. La course contre le temps, comme toujours… Dans la voiture, mon fils m’a raconté sa journée. C’est un de ces moments magiques. Tellement magique que parfois, je fais des détours pour le prolonger. Dans les moments de silence, durant ce trajet, j’ai repensé au prospectus sur l’Accueil familial. Et puis…
J’ai pensé aux courses contre le temps.
J’ai pensé aux moments magiques.
J’ai pensé aux petits soucis quotidiens…
Mon fils m’a demandé ce qui était prévu pour le week-end. Je lui ai répondu qu’il n’y avait rien de prévu. J’ai pensé au bonheur tranquille et puis soudain, j’ai eu envie de me laisser surprendre par la vie.
Pendant le week-end, j’ai continué les travaux dans la maison. Je suis électricien mais par la force des choses, je me suis mis à la maçonnerie et bien des choses encore. Lors de chaque pause, j’ai relu le prospectus et le dimanche nous en avons parlé en famille.
Nous avons rencontrés les professionnels d’un service de placement familial. Nous leur avons posé des tas de questions. Ils nous ont posé des tas de questions. Il y a des questions sans réponse.
Et puis un jour, Luna est arrivée. Et depuis…
C’est davantage la course contre le temps.
Mais les moments magiques se sont multipliés.
Les petits soucis du quotidien aussi.
Aujourd’hui, ils laissent place jour après jour, heure après heure, à tous ces instants où l’on se laisse surprendre par la vie. Une sorte de bonheur, pas toujours tranquille, riche d’expériences partagées et de questionnements. Depuis que Luna est à la maison, les travaux sont terminés. Je suis électricien, un peu maçon… Mais aussi un tas d’autres choses que je n’aurais jamais imaginées, parce que Luna nous invite chaque jour à construire de nouveaux possibles, et qu’avec l’aide du service d'accompagnement en accueil familial, notre vie prend l’allure d’un voyage empli de découvertes.
On n’aurait jamais pensé aller par là…
L’histoire de Théophile
Un jour, nous sommes devenus "famille d’accueil". Nous avons accueilli une petite fille à la maison parce que chez elle, les choses étaient trop compliquées. Cela arrive parfois, alors mes parents m’ont demandé ce que j’en pensais. Moi j’ai dit OUI tout de suite. Des fois, je n’étais plus très sur d’avoir envie d’une petite sœur. Mais lorsque nous avons préparé sa chambre, j’ai pu peindre les murs moi-même.
Papa et Maman m’avaient dit que ce serait une petite fille ordinaire. Mais pas du tout, elle est extraordinaire ! Je l’ai vu tout de suite ;-)
Déjà elle ne parle pas comme nous. Ce n’est pas qu’elle parle une autre langue, non. C’est plutôt parce que des fois, elle utilise des mots qui ne veulent pas dire la même chose que nous. C’est amusant … un peu comme un jeu de devinettes. Elle s’appelle Luna.
C’est ma petite sœur mais parfois j’ai l’impression qu’elle est plus grande que moi. Elle sait faire des choses que je ne connais pas. C’est comme si elle pouvait décider d’être toute petite ou grande. Avec Luna, on s’invente plein d’histoires. J’adore jouer avec elle. Surtout, jouer à voyager.
Je m’appelle Théophile. J’ai six ans et demi.
L’histoire de Luna
Depuis que je suis toute petite, je m’appelle Luna. C’est ma mère qui a choisi mon prénom.
Je ne sais pas si vous aussi cela vous arrive mais à l’intérieur de moi, il y a comme une petite voix qui me parle. C’est mon ami et c’est un mouton. Il est très fort, alors il peut tout décider et sait faire plein de trucs que personne ne sait faire.
Ce n’est pas comme moi. Je ne suis pas très forte, ni à l’école ni ailleurs. C’est normal, avant j’étais souvent malade et il m’arrivait toutes sortes de choses.
Alors mon père et ma mère criaient tout le temps et ils cassaient toujours tout. Il y a un tas de personnes qui passaient et repassaient à la maison pour nous aider. J’aurais aimé que mon ami le mouton parle plus fort, pour que tout le monde l’entende.
Mais personne ne l’entendait parce qu’il y avait trop de bruit. Mon père leur disait toujours que voilà, il allait tout arranger… Mon père, c’est un géant, il sait tout faire.
Alors ils repartaient.
Un jour, ma mère elle a décidé de partir en voyage. Moi, cela m’a fait comme un poids sur l’estomac. Mon père, lui, il a hurlé que ses fils de vie étaient brisés et il a commencé à vouloir tout réparer. Tout le temps. Et il voulait que je l’aide alors j’ai décidé d’arrêter de grandir.
Un jour, on m’a emmenée dans une grande maison pour m’aider à grandir. Il y avait plein d’enfants et encore trop de bruit pour que mon ami le mouton se fasse entendre… Il y avait trop de monde et moi, cela me donnait mal au cœur. Un peu comme le mal de mère.
Un jour, j’ai été accueilli dans une vraie famille avec un vrai papa, une vraie maman et même un vrai grand frère, il s’appelle Théophile ( C’est un drôle de nom!). Au début, j’avais un peu peur qu’il n’y ait pas assez de place pour moi et pour mon ami le mouton. Mais c’est comme si leur maison était magique et qu’elle pouvait changer de forme et grandir. Comme dans leur cœur, il y a beaucoup de place.
J’avais quand même peur que mon père soit fâché que je mette mon cœur au mauvais endroit. Mais Maria, une assistante sociale, nous a expliqué qu’on pouvait mettre notre cœur à toutes sortes d’endroits, que cela ne l’empêchait pas de battre. Alors elle a organisé des rencontres où je pouvais voir mon père et même ma mère. Je crois aussi qu’elle aidait mon père et ma mère à réparer toutes leur affaires parce que ils se fâchaient moins souvent.
Et voilà.
Je m’appelle Luna. C’est ma mère qui a choisi mon prénom.
Aujourd’hui, j’ai recommencé à grandir. Et quel bonheur de jouer avec Théophile et mon ami le mouton.
C’est tranquille…